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Quand le harcèlement quitte la cour de récré et s’invite chez nous


En cette Journée Nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, il est essentiel de s’arrêter sur une réalité complexe qui touche de nombreux enfants et adolescents, bien plus profondément qu’on ne l’imagine. Aujourd’hui, environ 1 élève sur 10 subit du harcèlement à l’école en France. Mais les chiffres ne racontent pas tout : ce harcèlement se poursuit souvent après la cloche de fin des cours, dans le monde numérique.


 

Le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement : quand la violence n’a plus de frontières


Aujourd’hui, le harcèlement ne s’arrête plus aux portes de l’école. Une moquerie en classe, une insulte dans la cour de récréation peuvent poursuivre les enfants jusque chez eux, sur leurs écrans. Avec les réseaux sociaux, ce harcèlement se propage rapidement : une rumeur, une photo gênante, une vidéo humiliante peuvent être partagées des centaines de fois en quelques minutes. Pour les jeunes victimes, cela signifie une exposition permanente, rendant la souffrance difficile à oublier.


Quelques chiffres qui parlent


5 % des élèves de primaire (CE2 à CM2) subissent du harcèlement scolaire. Dès ce jeune âge, certains enfants sont exposés à des moqueries, des insultes et des formes d’exclusion qui les fragilisent.

• Au collège, la situation s’aggrave, avec 6 % des collégiens qui se déclarent victimes de harcèlement. C’est aussi au collège que le harcèlement en ligne devient fréquent, et 20 % des jeunes en France ont déjà été confrontés à cette forme de harcèlement, sur les réseaux sociaux, les messageries, ou dans les jeux en ligne.

• Environ 60 % des élèves harcelés à l’école sont également victimes de cyberharcèlement. Cette continuité entre le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement rend la situation inévitable pour les jeunes, qui se retrouvent exposés à cette violence 24h/24.

Les jeunes ayant des troubles neurodéveloppementaux (TND), comme le TDAH ou les troubles du spectre autistique, sont également plus vulnérables : environ 50 % des enfants avec TDAH disent avoir été harcelés. Ces enfants, perçus comme « différents », sont souvent pris pour cible en raison de comportements atypiques ou de difficultés à s’intégrer.

• Enfin, chez les lycéens, les conséquences du harcèlement sont souvent graves : 24 % des lycéens disent avoir eu des pensées suicidaires à cause du harcèlement, un chiffre alarmant qui montre combien cette violence peut détruire.


Ces statistiques montrent bien l’ampleur du phénomène et la nécessité d’agir pour protéger tous les enfants, sans exception.


Pourquoi le cyberharcèlement est encore mal compris


Pour de nombreux adultes qui n’ont pas grandi avec les réseaux sociaux, les « mots » sur internet semblent souvent moins graves que des agressions physiques. Cette perception peut minimiser l’impact des commentaires, insultes ou rumeurs qui se diffusent en ligne et laissent des traces permanentes. Ce que les jeunes vivent en ligne est parfois perçu comme moins « réel », alors que pour eux, il s’agit d’une part essentielle de leur vie sociale. Ce décalage peut amener certains jeunes à se sentir incompris, voire jugés, lorsqu’ils expriment leur souffrance.


Pour ces adultes, le harcèlement reste souvent associé à des violences physiques ou des moqueries en face à face. Mais le cyberharcèlement est tout aussi dangereux : c’est recevoir des messages anonymes insultants, voir des photos de soi partagées sans autorisation, ou encore être ignoré et bloqué par ses pairs en ligne. Ce sont des actes qui peuvent sembler mineurs, mais pour les jeunes, ils entraînent un fort sentiment d’isolement et de honte.


Les clichés sur le harcèlement : une réalité bien plus diverse


Contrairement aux idées reçues, il n’existe pas de « profil type » de la personne harcelée. Le harcèlement touche des jeunes très différents : certains sont introvertis, d’autres extravertis ; certains ont de bons résultats scolaires, d’autres non ; certains sont perçus comme « populaires », d’autres comme « discrets ». Le harcèlement est souvent plus lié à des dynamiques de groupe, où des agresseurs cherchent à prendre du pouvoir en s’en prenant à une cible, que ce soit pour des raisons de différence réelle ou simplement parce qu’elle est perçue comme vulnérable à ce moment-là.


Les stéréotypes sur les victimes du harcèlement peuvent décourager certains jeunes de demander de l’aide, car ils ne s’identifient pas à ces images simplifiées. De plus, ces clichés peuvent renforcer le sentiment d’isolement chez les victimes, qui se sentent alors “différentes” ou responsables. Pour mieux comprendre cette diversité de parcours, le documentaire poignant « Lindsay, la mécanique du harcèlement », diffusé ce soir sur France 2, explore les témoignages de plusieurs victimes et analyse les mécanismes du harcèlement, soulignant le rôle que chacun peut jouer pour prévenir ces situations tragiques.


Le rôle des parents : premiers alliés de leurs enfants


Les parents sont souvent ceux qui peuvent remarquer les premiers signes de détresse chez leurs enfants. Voici quelques moyens simples de les aider :


Observer les changements de comportement : Si votre enfant semble triste, isolé, dort mal ou n’a plus envie d’aller à l’école, cela peut être un signe de harcèlement. Prenez le temps de lui parler.

Communiquer : Parlez avec votre enfant de sa vie en ligne, en lui expliquant qu’il peut se tourner vers vous s’il reçoit des messages qui le dérangent ou s’il se sent mal à cause de quelque chose qui s’est passé en ligne.

Rester attentif aux réseaux sociaux : Même sans surveiller chaque publication, aidez votre enfant à comprendre qu’il peut bloquer ou signaler des utilisateurs malveillants et à vérifier les paramètres de confidentialité de ses comptes. Rappellant qu'en France, l’accès aux réseaux sociaux est généralement interdit aux enfants de moins de 13 ans, et soumis à l’autorisation parentale pour les jeunes de 13 à 15 ans.


Le rôle de l’école : agir et soutenir avec le programme pHARe


Depuis 2022, le ministère de l’Éducation nationale a mis en place un programme appelé pHARe dans toutes les écoles et collèges pour aider à lutter contre le harcèlement. Ce programme inclut des actions concrètes :


1. Former les enseignants et le personnel scolaire pour qu’ils sachent repérer les signes de harcèlement et intervenir.

2. Sensibiliser les élèves avec des ateliers et des discussions pour les aider à comprendre les effets du harcèlement et les encourager à se soutenir entre eux.

3. Créer des équipes de soutien dans les écoles composées d’enseignants et d’élèves formés, pour que chaque jeune se sente écouté et protégé.


Grâce à ces actions, l’école devient un lieu de vigilance et de protection, où l’on prend au sérieux chaque signe de harcèlement.


Offrir un soutien professionnel pour aider les victimes à se reconstruire


Le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement sont des réalités qui nécessitent une mobilisation collective. En agissant ensemble — parents, école, professionnels —, nous pouvons offrir aux jeunes un environnement sécurisant et bienveillant. Parce que chaque enfant a le droit de se sentir en sécurité et respecté, il est essentiel de soutenir, écouter et accompagner toutes les victimes pour leur permettre de se reconstruire et d’avancer avec confiance. J'insiste sur le fait qu'en plus du soutien de l’école et de la famille, un enfant victime de harcèlement a souvent besoin d’une aide supplémentaire pour retrouver confiance en lui. Parler avec un psychologue ou un psychopédagogue peut l’aider à comprendre ce qu’il a vécu, à reconstruire son estime de soi et à apprendre à gérer ses émotions.


 

Que vous soyez une jeune victime ou le témoin d’un cas de harcèlement scolaire et/ou de violences numériques, vous pouvez contacter les écoutants du 3018 :

  • par téléphone en composant le numéro 3018 (appel gratuit, anonyme et confidentiel, accessible 7 jours sur 7 de 9 h à 23 h – jours fériés inclus) ;

  • par un tchat disponible sur le site 3018.fr ;

  • par une fiche de contact, pour échanger par courriels


Sources :

1. “Premiers résultats statistiques de l’enquête harcèlement 2023” - https://www.education.gouv.fr/premiers-resultats-statistiques-de-l-enquete-harcelement-2023-380517

2. “Santé mentale et bien-être des adolescents : publication d’une enquête menée auprès de collégiens et lycéens en France hexagonale” - https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2024/sante-mentale-et-bien-etre-des-adolescents-publication-d-une-enquete-menee-aupres-de-collegiens-et-lyceens-en-france-hexagonale

4. “Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école” - https://www.education.gouv.fr/journee-nationale-de-lutte-contre-le-harcelement-l-ecole-941

5. “Majorité numérique fixée à 15 ans pour l’accès aux réseaux sociaux - Vie publique” - https://www.vie-publique.fr/loi/288274-majorite-numerique-15-ans-reseaux-sociaux-loi-7-juillet-2023

6. “La réglementation sur les réseaux sociaux” - E-Enfance - https://e-enfance.org/informer/reseaux-sociaux/la-reglementation-sur-les-reseaux-sociaux/

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