Crises autistiques chez l’enfant : comprendre, accueillir et apaiser grâce au protocole CALM
- Adèle Wistrand
- 27 oct.
- 3 min de lecture
Lorsqu’un enfant autiste vit une crise, ce n’est ni un caprice, ni une manipulation. C’est une perte de contrôle émotionnel et sensoriel qui le submerge. Ces moments sont souvent très éprouvants pour lui, mais aussi pour les adultes qui l’entourent. Comprendre ce qui se joue permet d’agir de manière plus ajustée.
Le protocole CALM (Calmer, Accueillir, Limiter, Maintenir) est une approche structurée et bienveillante pour traverser ces tempêtes émotionnelles.

Comprendre ce qu’est une crise autistique
J'ai déjà pu évoquer ce sujet dans un précédent article : une crise (meltdown) est une réaction intense à une surcharge sensorielle, émotionnelle ou cognitive. Elle ne doit pas être confondue avec une colère classique ou comme je peux l'entendre parfois "la crise d'ado".
Elle peut être déclenchée par :
Une surcharge sensorielle (bruits, lumières, odeurs, contacts physiques)
Un changement imprévu
Une accumulation de frustrations ou micro-stress non exprimés
Une fatigue ou une anxiété accrue
Manifestations fréquentes
Hurlements, pleurs, agitation motrice importante
Fuite ou au contraire repli complet (shutdown)
Comportements auto-agressifs ou agressifs
Perte totale de communication verbale
Cette réaction est similaire à celle d’un corps face à une menace physique, sauf que dans le cas de l’enfant autiste, la menace perçue est sensorielle, émotionnelle ou cognitive.
Donc non, « survie » n’est pas exagéré, c’est une description précise de ce qui se passe dans le système nerveux. L’enfant ne fait pas un choix conscient, il tente inconsciemment de se protéger d’une surcharge insupportable.
Ce qui se passe dans le cerveau pendant une crise
La crise correspond à une déconnexion du cortex préfrontal, zone du raisonnement et de la régulation.Le système nerveux autonome prend le dessus :
activation de la réponse “attaque / fuite / figement”,
libération de cortisol et d’adrénaline,
désorganisation sensorielle.
Ce n’est donc pas une « opposition volontaire », mais une réaction neurophysiologique.
Le protocole CALM
Le protocole CALM est un outil d’intervention conçu pour répondre aux crises de manière structurée et sécurisante.
C = Calmer le cadre
Réduire les stimuli sensoriels (baisser la lumière, éloigner les sources de bruit)
Éloigner les personnes non nécessaires
Parler peu et lentement
Rester soi-même le plus régulé possible (co-régulation)
A = Accueillir l’émotion
Reconnaître la détresse de l’enfant, même s’il ne parle pas
Éviter les jugements ou les injonctions (« calme-toi », « arrête »)
Utiliser une présence physique contenante, si elle est acceptée
Nommer si possible ce que l’enfant ressent (« je vois que c’est trop pour toi »)
L = Limiter avec bienveillance
Mettre en place des limites protectrices si nécessaire (« je ne te laisserai pas te faire mal »)
Préserver la sécurité de l’enfant et de l’entourage
Éviter les punitions ou les menaces
M = Maintenir un lien sécurisant
Rester présent même si l’enfant semble « fermé »
Proposer un retour au calme progressif
Laisser le temps de récupération sans exiger d’explications immédiates
Ne pas sur-analyser dans l’instant
Ce qu’il ne faut pas faire pendant une crise
Crier, menacer ou punir
Exiger une explication immédiate
Forcer le contact physique si l’enfant le refuse
Minimiser la détresse vécue (« ce n’est rien », « tu exagères », «je t'avais dit»)
L’après-crise : un moment clé
La récupération peut prendre du temps. Ce moment doit être traité avec douceur et patience.
Proposer un cocon sécurisant (plaid, lumière douce, coin calme)
Laisser l’enfant choisir s’il veut parler ou non
Observer les signaux d’alerte pour anticiper les prochaines crises
Si possible, co-construire des stratégies d’apaisement adaptées à l’enfant
Pour en savoir plus, la fiche complète est accessible sur la boutique du site :


